
Peux-tu nous parler de toi en un ou deux paragraphes? Quels sont ton nom et ton domaine d’études? D’où es-tu originaire? Quel était ton métier de rêve quand tu étais enfant? Quelle est ton activité préférée en dehors de l’école ou du travail?
Je m’appelle Théa Demmers et je suis diététiste-nutritionniste diplômée de l’Université Messiah et de l’Université McGill. Depuis 2004, j’ai le privilège de travailler à des projets liés à la sécurité alimentaire et d’aider des mères, des jeunes, des adultes et des athlètes par des conseils et des ateliers en nutrition (incluant souvent des cours de cuisine!). Je suis associée à divers organismes communautaires et aussi professionnelle de recherche et chargée de cours à l’Université Concordia.
J’ai grandi dans une ferme sur l’île Scugog en Ontario, où nous cultivions des légumes sans pesticides et élevions quelques vaches. Depuis 2002, j’ai toutefois élu domicile à Montréal. Mon choix de devenir diététiste a été influencé par le diagnostic de diabète de type 1 qu’a reçu ma sœur à l’âge de 16 ans. Une diététiste est venue chez nous pour l’aider à gérer sa vie avec le diabète de type 1. Toute l’expérience a eu des effets profonds sur ma faille et m’a lancée sur un parcours de nutrition et de diététique qui m’a finalement amenée à devenir diététiste autorisée.
J’aime m’occuper d’un petit jardin, mais je préfère cultiver des fleurs, des oignons et des piments forts, parce qu’ils attirent moins de ravageurs! Enfant, j’ai tellement retiré d’insectes ravageurs sur les légumes que je pouvais les voir les yeux fermés. J’aime aussi marcher avec mon chien et mon mari et passer du temps avec mes garçons.
Qu’est-ce qui t’a intéressée le plus dans l’ÉLCV?
Mon travail avec les données de l’ÉCLV a été une parfaite occasion d’explorer les liens entre la malnutrition chez les personnes âgées et l’arthrite au moyen d’un vaste échantillon canadien représentatif. J’ai eu la chance de travailler à titre de professionnelle de recherche au Centre PERFORM de l’Université Concordia de 2012 à 2022, où j’ai collaboré avec la Pre Lisa Kakinami. Nous avons formé un partenariat continu avec l’Université McGill et travaillé avec Hugues Plourde pour offrir des possibilités aux étudiantes et étudiants en diététique. Nous avons aussi collaboré avec une diététiste spécialisée en arthrite, Kim Arrey, une chercheuse spécialisée en vieillissement, Guylaine Ferland, et une diététiste qui a contribué à l’élaboration de l’outil PEN sur les pratiques en nutrition reposant sur des données probantes, Beth Armour, afin de faciliter l’application des connaissances chez les diététistes.
Quel type de recherche fais-tu avec les données de l’ÉLCV? As-tu publié tes résultats de recherche? Si oui, qu’as-tu découvert (en résumé)?
À l’heure actuelle, nous examinons le lien entre la malnutrition, l’arthrite et le degré de handicap associé à l’arthrite dans le cadre des activités de la vie quotidienne (p. ex., l’alimentation) et des activités instrumentales de la vie quotidienne (p. ex., la préparation des repas). Nous en avons publié les résultats dans la revue Scientific Reports en 2024.
Il y a des facteurs de risque connus de malnutrition, comme de récentes variations de poids, l’omission des repas, la perte d’appétit, les problèmes de déglutition, la consommation d’une quantité insuffisante de fruits et de légumes ou de liquides et les repas en solitaire la plupart du temps. Ces facteurs peuvent être mesurés et classés pour déterminer le « risque nutritionnel ».
Nous avons découvert que les personnes atteintes d’arthrite obtiennent des scores de risque nutritionnel plus faibles que celles qui n’en sont pas atteintes. Ces scores étaient encore plus faibles lorsque l’arthrite était combinée aux difficultés à vaquer à des activités quotidiennes, comme manger ou faire l’épicerie. On peut penser que les difficultés liées à ce type d’activité entraînent un risque nutritionnel plus élevé, comme manger moins ou perdre du poids, mais nos résultats révèlent que, même après avoir tenu compte de ces problèmes fonctionnels, le lien entre l’arthrite et la nutrition demeure. Ainsi, même si l’atteinte fonctionnelle a un rôle à jouer, elle n’explique pas pleinement l’accroissement du risque. D’autres facteurs propres à chaque type d’arthrite entrent en jeu, tels que les articulations touchées et les répercussions de cette atteinte au quotidien, qui devront faire l’objet de plus d’études pour en établir les effets sur le risque nutritionnel.
Nos résultats démontrent à quel point il est important que les professionnelles et professionnels de la santé envisagent d’orienter les personnes atteintes d’arthrite vers un soutien nutritionnel.
Quelle est la chose la plus intéressante ou la plus surprenante que tu as apprise en travaillant avec l’ÉLCV? Comment crois-tu que l’ÉLCV t’aidera à grandir en tant qu’étudiante ou en général?
L’une des choses les plus intéressantes que j’ai apprises de l’ÉLCV, c’est que, souvent, le risque nutritionnel chez les personnes âgées n’est pas seulement une question de disponibilité des aliments, mais est également rattaché à des facteurs sociaux comme le fait de vivre seul, un soutien social limité ou une participation restreinte à la vie communautaire. On a découvert que ces déterminants sociaux sont de puissants prédicteurs du risque d’alimentation inappropriée chez les personnes âgées, ce qui change la perspective de la nutrition, qui n’est pas un simple problème individuel ou médical, mais aussi un problème social.
Comment penses-tu que l’ÉLCV t’aidera à grandir en tant qu’étudiante ou par la suite?
J’ai travaillé à ce projet à la fois à titre de professionnelle de recherche à l’Université Concordia et d’étudiante au doctorat en santé publique. J’ai appris à accéder aux données et à effectuer une évaluation critique des variables nécessaires. L’ÉLCV est une énorme plateforme qui reflète le travail acharné d’une foule d’intervenants. Dans l’ombre, j’ai assisté des chercheuses et chercheurs dans des projets plus modestes (qui exigeaient souvent des années de collecte de données) et j’en suis venue à reconnaître que chaque variable renferme une multitude d’éléments. J’ose à peine imaginer les moments et histoires innombrables qui se cachent derrière les données d’une étude aussi vaste que l’ÉLCV.
Mon travail avec la Pre Kakinami à ce projet a renforcé mon appréciation du potentiel lié au partage des données et de l’engagement des participantes et participants, chercheuses et chercheurs et autres professionnelles et professionnels. Je pense que mon expérience de l’ÉLCV continuera de me nourrir, et j’ai tout particulièrement hâte aux futures possibilités de travailler à partir de ses données longitudinales.
Comment penses-tu que les résultats de l’ÉLCV te seront utiles, à l’avenir, ou utiles à d’autres?
De nombreuses relations entre les déterminants de la santé et le processus du vieillissement prennent des années avant d’être confirmées, et il sera passionnant de voir ce que révéleront les futures analyses des données longitudinales.
As-tu une idée du genre de travail que tu aimerais faire après tes études?
Des recherches continues dans la communauté, conjointement avec l’enseignement et l’apprentissage continu.
Au-delà de ton expérience professionnelle, qu’est-ce que l’ÉLCV t’a apporté?
J’espère que mon travail contribuera à un plus grand soutien aux personnes qui vivent avec l’arthrite, particulièrement pour ce qui est de l’accès et de la préparation des aliments et du plaisir de manger.