
Peux-tu nous parler de toi en un ou deux paragraphes? Quels sont ton nom et ton domaine d’études? D’où es-tu originaire? Quel était ton métier de rêve quand tu étais enfant? Quelle est ton activité préférée en dehors de l’école ou du travail?
Je m’appelle Ogochukwu Kelechi Onyeso. Je suis physiothérapeute, chercheur et éducateur, et je m’intéresse particulièrement au vieillissement, à la mobilité et à la santé de la population. Je suis candidat au doctorat en études démographiques sur la santé à l’Université de Lethbridge, en Alberta, et membre du Consortium on Analytics for Data-Driven Decision-Making (CAnD3). Ma formation universitaire comprend un baccalauréat en réadaptation médicale avec majeure en physiothérapie et une maîtrise en orthopédie, sports et physiothérapie récréative. Originaire du Nigéria, j’ai plus d’une décennie d’expérience clinique et plus de 40 publications dans des revues internationales. Mes recherches portent sur les services de santé, les déterminants sociaux de la santé, la réadaptation gériatrique, la mobilité, les troubles musculo-squelettiques et la santé publique.
Enfant, j’admirais les prêtres, les médecins et les ingénieurs. J’étais attiré par l’idée de travailler auprès de communauté et d’aider les gens à guérir, ainsi que par les inventions technologiques. Au fil du temps, ma passion pour les soins de santé m’a mené vers la physiothérapie, avec laquelle je pouvais avoir un impact direct sur la mobilité et l’indépendance des gens. En dehors du monde universitaire, j’aime faire du sport, faire de la randonnée et passer du temps dans la nature, en particulier près de l’eau, des coulées et des forêts, où je trouve la paix et l’inspiration.
Qu’est-ce qui t’a intéressée le plus dans l’ÉLCV?
Pour un chercheur passionné par la santé de la population, le vieillissement et les études sur le parcours de vie, les données de l'ÉLCV constituent une ressource précieuse. L'ÉLCV offre une banque de données complète aux chercheurs souhaitant modéliser les trajectoires de la santé. Elle repose sur un vaste échantillon national représentatif et comporte au moins trois vagues de collecte de données en plus des données de départ, ce qui permet d’effectuer des analyses sophistiquées qui seraient inadaptées aux échantillons plus petits ou aux études transversales.
Quel type de recherche fais-tu avec les données de l’ÉLCV? As-tu publié tes résultats de recherche? Si oui, qu’as-tu découvert (en résumé)?
Mes recherches menées dans le cadre de l’ÉLCV se sont concentrées sur les déterminants sociodémographiques du déclin de la mobilité. L’ÉLCV propose des mesures objectives de la performance physique, comme le test « se lever d’une chaise » (TUG) et le test de marche chronométrée (4 mètres), ainsi que des données sociodémographiques détaillées. Cela m'a permis d'étudier la manière dont les facteurs sociodémographiques étaient associés au déclin de la mobilité observé sur une période de suivi de six ans. L'étude a été publiée dans la revue BMC Geriatrics.
Les principaux résultats de l’étude indiquent une prévalence élevée des limitations cliniquement significatives en matière de mobilité (vitesse de marche < 1 m/s) au sein de la cohorte. De plus, des facteurs sociodémographiques modifiables et non modifiables tels que l’âge avancé, le genre féminin, l’origine ethnique non caucasienne, le revenu plus faible, le niveau d’éducation plus faible ainsi que le fait d’être à la retraite, de ne pas avoir de conjoint·e et de vivre dans certaines provinces étaient tous associés à une plus grande diminution de la mobilité.
La mobilité étant un indicateur clé de la santé et de la qualité de vie des personnes âgées, ces résultats soulignent la nécessité de revoir les politiques fédérales et provinciales sur le vieillissement en tenant davantage compte des déterminants sociaux de la santé et de la justice sociale. Les initiatives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme la Décennie pour le vieillissement en bonne santé et les Villes amies des aînés, sont des ressources essentielles qui pourraient offrir aux décideur·ses des modèles d’allocation équitable des ressources pour soutenir la mobilité et le vieillissement en bonne santé.
Quelle est la chose la plus intéressante ou la plus surprenante que tu as apprise en travaillant avec l’ÉLCV? Comment crois-tu que l’ÉLCV t’aidera à grandir en tant qu’étudiante ou en général?
L'un des résultats les plus inattendus de mes recherches a été le lien étroit entre le statut socioéconomique et le déclin de la mobilité. Bien que l'on suppose souvent que le vieillissement ou les problèmes de santé sont les principaux facteurs du déclin de la mobilité, mes conclusions ont renforcé l'idée que les désavantages sociaux et économiques ont le pouvoir d’accélérer ce processus.
Cette recherche m’a également aidé à développer une expertise en analyse de données longitudinales, en modélisation statistique et en recherche sur la santé de la population. Grâce à l’ÉLCV, j’ai perfectionné mes compétences en analyse de variance à mesures répétées (ANOVA) à modèle mixte, en régression longitudinale multivariée et en outils de visualisation qui sont essentiels pour comprendre les trajectoires de santé complexes. Ces compétences me seront d’une valeur inestimable alors que je continue d’étudier les résultats de santé liés au vieillissement et de contribuer à l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.
Comment penses-tu que les résultats de l’ÉLCV te seront utiles, à l’avenir, ou utiles à d’autres?
Dans le cadre de mes recherches doctorales, j’ai adopté une approche multiméthodes, combinant une revue systématique et une méta-analyse des données de l’ÉLCV et celles d’une étude longitudinale menée au Nigéria. J’ai également mené une étude qualitative auprès de personnes âgées au Canada et au Nigéria pour valider les résultats.
Ces études ont des implications importantes pour les décideur·ses politiques, les prestataires de soins de santé et les organismes communautaires qui soutiennent les personnes âgées. Mes recherches soulignent le fait que la lutte contre les inégalités sociales et économiques mènerait à des expériences de mobilité améliorées et équitables pour les personnes âgées. Plus précisément, les politiques devraient s’attaquer aux préjugés socioculturels construits tels que l’intersectionnalité de l’âgisme, du sexisme et du racisme en encourageant la présence d’espaces sociaux et économiques non discriminatoires. Les autorités devraient améliorer l’accès aux soins de santé pour les populations rurales, promouvoir l’alphabétisation et les possibilités d’activité physique, rendre les espaces publics plus accessibles et fournir un soutien financier et un logement aux personnes vulnérables.
Cette étude constitue une base solide pour mes futurs travaux sur les déterminants sociaux de la santé tout au long de la vie et la mobilisation en matière de politiques. J'espère contribuer à l'élaboration de politiques favorisant un vieillissement en bonne santé et réduisant les handicaps liés à la mobilité chez les personnes âgées en produisant des données probantes grâce à la recherche. Mon objectif ultime est de garantir que la recherche se traduise par des actions concrètes, afin que chaque personne âgée, quel que soit son milieu, ait la possibilité de préserver son autonomie et sa qualité de vie en vieillissant.
As-tu une idée du genre de travail que tu aimerais faire après tes études?
Des recherches continues dans la communauté, conjointement avec l’enseignement et l’apprentissage continu.
Au-delà de ton expérience professionnelle, qu’est-ce que l’ÉLCV t’a apporté?
J’espère que mon travail contribuera à un plus grand soutien aux personnes qui vivent avec l’arthrite, particulièrement pour ce qui est de l’accès et de la préparation des aliments et du plaisir de manger.
J'ai également eu la chance d'être reconnu par des collègues, des organisations et des médias intéressés par mes recherches. La présentation de mes résultats lors de conférences et d'ateliers a ouvert la voie à des échanges et des collaborations enrichissants. Je crois d’ailleurs que ma sélection comme chercheur-boursier au CAnD3 est liée à mon travail au sein de l'ÉLCV.
Surtout, cette recherche a remodelé ma façon de penser la mobilité au quotidien. Elle m’a encouragé à donner la priorité à l’activité physique, à l’engagement social et à la planification de la santé à long terme, non seulement pour moi-même, mais également à travers les discussions avec ma famille, mes ami·es et avec les communautés avec lesquelles je travaille. Les stratégies de santé préventives sont essentielles à chaque étape de la vie, et j’espère que mon travail continuera d’inspirer des changements positifs.