Une saine alimentation favorise un vieillissement en santé. En effet, le Guide alimentaire canadien recommande la consommation quotidienne de fruits et de légumes pour contribuer à prévenir de multiples affections chroniques qui touchent généralement les personnes âgées.
Nous savons que la saine alimentation est fortement influencée par nos liens sociaux et nos différents milieux. Mais le vieillissement entraîne souvent des pertes dans différents liens sociaux qui peuvent mettre en péril une saine alimentation.
En tant que chercheurs qui étudient l’interaction entre la nutrition, l’âge et les questions sociales, nous étions curieux de savoir si les changements négatifs dans les relations sociales d’une personne âgée sont importants pour le maintien d’une bonne alimentation, et qui est le plus touché.
L’isolement social et la diversité sociale changent avec l’âge
De vastes recherches en matière de santé axées sur l’isolement social mesurent ce concept à un moment précis dans le temps au moyen d’une combinaison de divers contextes sociaux. En font partie le fait de vivre seul, les contacts sociaux peu fréquents, l’absence de participation sociale et le fait de ne pas être marié.
Cependant, l’isolement social n’est pas une expérience statique, car les adultes vieillissants subissent fréquemment des changements dans différents types de relations sociales, réduisant souvent leurs contacts et leurs activités sociales au fil du temps.
D’après des recherches récentes,le nombre d’activités sociales différentes diminue au fil du temps chez les personnes d’âge mûr et les personnes âgées.
Environ un adulte vieillissant sur cinq réduit la variété de son engagement social (par exemple, voir des amis et de la famille, faire du bénévolat, des activités sportives, religieuses et éducatives, etc.), et des baisses plus importantes ont été observées chez les femmes âgées.
De plus, environ 14% des Canadiens vieillissants sont devenus isolés socialement ou sont restés socialement isolés au fil du temps. Les Canadiens du groupe d’âge le plus âgé et des groupes plus défavorisés sur le plan socioéconomique semblent les plus vulnérables à rester ou à devenir socialement isolés ou moins diversifiés socialement au fil du temps.
Il est donc important que la recherche sur la nutrition et le vieillissement en santé reflète mieux les changements distincts de l’engagement social au fil du temps, non seulement en termes de manque d’interaction sociale régulière, mais aussi en termes de diversité des interactions sociales.
Risques alimentaires liés à la modification des liens sociaux
Le contexte des repas, peut se répercuter à la fois sur la quantité et la qualité des aliments consommés, et le fait de manger seul est corrélé avec un régime alimentaire de piètre qualité.
Chez les personnes âgées, l’isolement social est lié à un apport insuffisant en fruits et légumes, un marqueur de la qualité de l’alimentation associé aux maladies chroniques. Plus précisément, les hommes et les femmes plus âgés qui n’ont pas ou peu de contact avec des amis ont une mauvaise qualité alimentaire par rapport à ceux qui ont des contacts fréquents avec des amis.
Il n’est pas clair si le fait de rester ou de s’isoler socialement est un problème pour maintenir de saines habitudes alimentaires à mesure que les gens vieillissent. On ne sait pas non plus si la réduction de la variété des activités sociales risque de détériorer la qualité de l’alimentation.
Les quelques études en nutrition qui portent sur les modifications aux relations sociales sont toutes axées sur les transitions conjugales, ce qui crée une lacune majeure des connaissances pour l’adoption de politiques et de pratiques en matière de vieillissement en santé.
Une nouvelle étude des chercheuses avec des collaboratrices corrige cette lacune. Pour ce faire, elle puise dans de multiples vagues d’une cohorte nationale de Canadiens et Canadiennes d’âge mûr et âgées.
La première constatation importante est que les femmes plus âgées qui sont restées isolées socialement – c’est-à-dire une activité mensuelle ou pas – ont réduit la qualité de leur alimentation au fil du temps par rapport aux femmes qui sont restées engagées dans deux activités sociales mensuelles ou plus.
La deuxième constatation notable est que les femmes âgées qui ont réduit leur diversité d’activités sociales ont également connu une baisse de la qualité de leur alimentation au fil du temps. Enfin, les femmes âgées et les hommes plus âgés qui avaient un petit nombre d’activités sociales qui sont restées les mêmes au fil du temps risquaient également de voir la qualité de leur alimentation décliner.
Ces résultats n’ont pas été expliqués par d’autres facteurs sociaux ou comportementaux inclus dans l’analyse de l’étude.
Interventions sociales pour soutenir une saine alimentation
La stratégie de vieillissement en santé du Canada et le Guide alimentaire canadien font tous deux ressortir le rôle important des relations sociales pour le maintien d’une bonne santé et d’une saine alimentation. Des programmes bien implantés, comme la Popote roulante, contribuent à la santé et au bien-être grâce à la livraison de repas chauds et nutritifs aux personnes confinées à la maison, notamment les personnes âgées.
Le maintien d’activités sociales régulières et diversifiées est essentiel pour promouvoir la santé et le bien-être pendant la transition du milieu à l’âge avancé. Tout le monde peut bénéficier non seulement d’être connecté, mais aussi de rester connecté dans divers contextes sociaux.
Nous voulons attirer l’attention sur l’importance de l’isolement persistant et de la perte de diversité sociale pour la nutrition et la santé des femmes au Canada. Différents types de liens sociaux peuvent être importants pour les femmes que pour les hommes, et leur maintien au fil du temps peut avoir des effets différents sur l’alimentation et la santé qui nécessitent plus de recherches et de mesures politiques.
Il est essentiel de comprendre les déterminants sociaux du régime alimentaire chez les femmes pour corriger les iniquités en santé et concevoir des interventions sociales plus efficaces auprès de la population canadienne âgée, telles que les prescriptions sociale et d’autres modèles relationnels sociaux des soins.