Après une longue carrière dans l'industrie du cinéma et de la télévision, Natalie, 63 ans, s'est consacrée à ses passions créatives, puisant son inspiration dans des endroits inattendus, comme dans son implication à l’ÉLCV. Découvrez comment une visite à un Site de collecte de données de l’ÉLCV a fait naître le concept de son dernier projet créatif.

Qu’est-ce que vous espérez que l’ÉLCV accomplisse?
J’aime toujours ça quand je peux participer à l’avancement de la société à l’amélioration de nos conditions de vie, dans la mesure du possible. J’ai toujours été impliquée de façon communautaire dans mon environnement. Donc, je pense que dans une société, c’est normal qu’on fournisse un peu de notre temps pour faire avancer les choses. C’est sûr que le vieillissement aussi, ça me préoccupe. En tant que personne qui avance en âge, je veux le plus possible conserver la santé. J’imagine que l’étude va justement nous aider à avoir une vieillesse plus en santé.
Qu’est-ce que le vieillissement en bonne santé? Qu’est-ce que ça veut dire pour vous? C’est quoi votre approche vieillir en santé en ce moment?
Pour l’instant, c’est de m’occuper, d’être active physiquement et de ne pas m’isoler. Je nourris beaucoup mon réseau d’amis; je fais autant des sorties culturelles ou en nature que des voyages. C’est continuer à être et de se sentir utile pour la société. C’est aussi de faire marcher mon cerveau en bâtissant des projets. Pour moi, c’est ça qui me drive. C’est d’avoir de nouveaux projets. Ce n’est pas juste de voyager et de me reposer - c’est vraiment aussi d’être alerte intellectuellement.
Diriez-vous que c’est un peu ça votre philosophie pour le vieillissement en santé?
Oui. Si on n’a pas de problème financier, je ne vois pas la raison de continuer à travailler. J’aime mieux faire du bénévolat et apprendre de nouvelles choses, qui sont en dehors de ce que j’ai appris par le passé, toucher à d’autres champs d’expertise, rencontrer d’autres groupes. Comme là, je suis dans un collectif de jardinage. J’apprends des choses de ce côté-là, puis je suis des cours en ligne. Pour moi, c’est super important de sortir de sa zone de confort. J’ai fait quelques voyages, seule avec mon petit motorisé, je suis allée jusqu’en Alaska et au Yukon. Mais je sens que je commence à être plus inquiète de voyager seule, que j’ai besoin de plus de soutien. En avançant en âge, je sens le manque de confiance me gagner, et le besoin de support, le poids de la charge mentale. C’est de plus en plus important.
Personnellement, je trouve ça un peu difficile de vieillir, c’est faire des deuils toujours, toute notre vie. Quand les enfants sont grands, ils s’en vont. On perd nos parents. C’est toujours faire des deuils. Je trouve que c’est plus cette partie-là qui est difficile, et puis la diminution de nos capacités physiques. Donc, quand je parle d’autonomie, c’est ça qui est difficile en vieillissant. C’est pour ça que je vais essayer d’être autonome le plus longtemps possible. Puis, faire de l’art, c’est de montrer qu’on est vivant encore, je trouve. Donc, c’est pour ça que c’est important pour moi de faire des projets créatifs en vieillissant aussi, car ça montre qu’on a notre place dans la société.
Selon vous, pourquoi est-ce que c’est important de vieillir en santé ou d’étudier le vieillissement en santé?
L’idée, je pense, c’est l’autonomie, de ne pas être dépendant de la société en général au niveau physique et monétaire. Je veux être autonome le plus longtemps.
C’est aussi de responsabiliser les gens au sujet de leur santé, de se rendre compte des problèmes qui peuvent survenir si on ne s’en occupe pas. C’est aussi d’avoir une vie équilibrée et d’avoir le plus de plaisir possible le plus longtemps. D’être là pour mes enfants, puis peut-être mes petits-enfants un jour.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer à participer à l’ÉLCV?
Habituellement, quand je m’implique ou que je m’engage dans quelque chose, je les fais jusqu’au bout. Ma loyauté est très importante pour moi par rapport à ce genre de projet ou avec mes amis, ma famille. Puis, c’est certain que je suis curieuse de savoir ce qui va arriver avec toutes ces données-là.
C’est aussi grâce à cette étude que j’ai pu participer à l’imagerie médicale entre autres. C’est ça qui a déclenché chez moi l’idée de faire un certain projet personnel - S’il peut y avoir pour moi aussi quelque chose, je trouve ça génial. Aussi, je vois que les gens travaillent très fort chez vous, on est bien reçu, on est bien encadré.
J’aimerais bien vous demander à propos de ce projet personnel, vous utilisez les imageries médicales pour faire de l’art. Comment est-ce que ce projet a commencé? Qu’est-ce que ça représente pour vous?
Tout ça a commencé parce que mon background est en cinéma. J’ai étudié en cinéma. J’ai été surtout gestionnaire par contre. Je pensais réaliser des films, écrire des films, mais je me suis rendu compte que ça demande beaucoup de tempérament. Puis, j’ai eu ma famille. La production en cinéma, c’est très exigeant pour l’horaire. Donc, j’ai fait un job de 9 à 5. J’ai toujours travaillé pas mal en cinéma et en culture, mais finalement je n’ai pas créé comme je voulais créer.
Le processus créatif est toujours quelque chose qui m’a intéressé. Comme je disais tantôt, j’aime les projets. Donc, quand j’ai vu mon squelette au complet, des pieds à la tête, au Site de collecte de l’ÉLCV je me suis dit « WOW! » Parfois on voit des petits bouts ou on se fait prendre des clichés un peu à droite à gauche, ce n’est pas toujours intéressant. Mais là, je me suis rendu compte « Hé, c’est moi ça ». J’ai réalisé que sous mon enveloppe il y a quelque chose qui existe, et je me suis demandé « Qu’est-ce que je pourrais faire avec ça? ».
J’ai commencé à approcher l’ÉLCV pour avoir des fichiers. Puis, dernièrement, on a fait une IRM de mon cerveau. C'est super beau à voir ces images-là. Je suis allée chercher tout plein d’imagerie médicale, chez mon dentiste, mes mammographies, mon cœur. Puis là, à partir de tous ces petits morceaux, je vais pouvoir bâtir quelque chose.
Puis, rajoute à ça l’idée que le textile m’a toujours intéressée. J’ai eu une petite entreprise où je recyclais les voiles de bateaux pour faire des sacs. Maintenant, j’ai commencé à développer la broderie, mais pas juste la broderie pour faire des fleurs, mais de la broderie sur photo : utiliser des photos de mon histoire ou de ma famille pour en faire des images rehaussées.
Donc, je suis obligée d’apprendre des techniques de broderie – encore là toujours dans l’apprentissage – et de chercher comment je peux mettre des choses en valeur avec mes images. Je n’ai pas encore complètement décidé comment valoriser ces images-là, mais je sais que je vais probablement en faire des impressions sur tissu. Encore là, je fais des tests. J’ai commencé par la sublimation. Ça m’oblige à faire des recherches, des tests et à penser : Comment est-ce que je vais imprimer ces images-là? Comment est-ce que je vais les travailler avant, dans des logiciels de retouche photo, un cyanotype? Donc, quand je parle de projets, ça oblige à développer des apprentissages. Le propos n’est pas encore tout à fait défini. Est-ce que je vais faire juste une image de moi avec tous les morceaux ou est-ce que ce sera plutôt une série?
Il y a des petites galeries d’art ici. Je me dis peut-être qu’un jour je ferais une expo, mais ce n’est pas le but ultime. Le but, c’est d’avoir une histoire avec des parties de mon corps. Par exemple, le cœur c’est un organe dont on a pris des photos pour voir ma santé, mais ça veut dire quelque chose d’autre aussi. Mon cerveau, ce n’est pas juste une image, ce sont mes pensées, mes ennuis, mes soucis, mes rêves.
Voir ce qu’on a sous la peau, ça montre aussi notre vulnérabilité. On voit souvent l’extérieur, mais sous cette couche, il y a toute une machine tellement puissante. C’est ça aussi que je trouve épatant, de voir comment la science aussi va chercher. Ça m’oblige, moi, à m’intéresser à ce qui se passe sous ma peau. Ça fait peur aussi de voir qu’on est une enveloppe charnelle, que quelque chose peut flancher facilement. On est très fragile, la vie est très fragile. Puis, c’est ça aussi que je réalise en voyant ces images.
Je veux utiliser ces images et probablement des tissus que j’ai déjà, comme ma robe de mariée, des retailles de projets de couture pour mes enfants. Je veux reprendre des choses de mon univers à moi et construire une histoire qui va peut-être être très personnelle ou peut-être pas vraiment.
Quand on avance en âge, on se dit que si on ne fait pas ce qu’on veut faire maintenant, on ne le fera jamais. Il ne faut pas attendre. Pour moi, c’est la créativité. Je trouve que j’ai de moins en moins de choses à risquer. Je peux me dévoiler, briser les tabous. Donc, je vais me révéler et dire ce que j’ai à dire. Sinon, je ne le ferai jamais.