Comment et pourquoi certaines personnes âgées s’adaptent-elles et s’épanouissent-elles mieux que d’autres devant les difficultés? Les expériences de vie passées, telles que le service militaire, contribuent-elles au renforcement de la résilience plus tard dans la vie? Ce ne sont là que quelques questions que Jessica Dekker a l’intention d’explorer dans le cadre de sa thèse de maîtrise, à l’aide des données de l’ÉLCV.
Cette étudiante aux cycles supérieurs de l’Université McGill a rencontré l’ÉLCV pour parler de son projet de recherche, qui porte sur les plus de 4 000 participantes et participants à l’ÉLCV qui s’identifient comme vétérans. À partir des données des trois premières vagues de données de l’ÉLCV et du questionnaire sur la COVID-19, elle examinera la résilience psychologique chez les vétérans âgés avant la pandémie, les manifestations de la résilience au fil du temps et leurs liens avec les expériences de la pandémie et les états de santé.
Peux-tu nous parler de toi? Qu’étudies-tu et pourquoi as-tu choisi ce parcours d’études?
Je suis étudiante en deuxième année de maîtrise ès sciences en épidémiologie à l’Université McGill et j’ai aussi décroché mon baccalauréat à McGill en maths et en statistique, avec mineure en sciences de la vie. L’épidémiologie est la combinaison parfaite entre ma passion pour les soins de santé et celle pour les statistiques. Elle me permet d’appliquer mes compétences quantitatives à un sujet qui peut avoir des résultats directs et positifs.
Qu’est-ce qui t’intéresse dans l’ÉLCV?
J’ai un double intérêt pour l’ÉLCV. Sur le plan personnel, je viens de Hamilton et mon père fait partie de l’étude depuis 2010. Il fait partie de la cohorte globale et se rend donc au Site de collecte de données pour se soumettre à des examens d’imagerie et à d’autres mesures physiques. J’ai donc toujours eu quelques connaissances de base sur l’ÉLCV parce que mon père s’y est inscrit et que j’ai grandi avec.
Mon autre intérêt est d’ordre pédagogique. L’ÉLCV est la principale étude sur le vieillissement auprès de la population canadienne. Je trouve fascinant d’être aux premières lignes et d’utiliser une partie de ces nouvelles données. Que je suis arrivée à McGill, j’étais à la recherche de quelqu’un pour superviser ma thèse. J’ai rencontré la Pre Christina Wolfson, chercheuse principale de l’ÉLCV, et j’ai constaté que nos formations se ressemblent beaucoup. Elle a commencé en mathématique et en statistique, et elle aussi s’est retrouvée en épidémiologie.
Quel type de recherche fais-tu avec les données de l’ÉLCV?
Mon projet de thèse, que je prépare en anglais, s’intitule L’épidémiologie positive, la résilience psychologique prépandémique et péripandémique et les vétérans âgés de l’ÉLCV. La plupart du temps, les recherches épidémiologiques sont axées sur les effets négatifs sur la santé, les résultats cliniques négatifs ou les facteurs de risque négatifs. Je pense que c’est particulièrement vrai quand il s’agit des vétéranes et vétérans.
Ce projet, financé par une subvention Catalyseur de l’ÉLCV des IRSC, vise à présenter les données sous un jour plus positif, ciblant les atouts des vétéranes et vétérans en matière de santé qui peuvent les soutenir tout au long du vieillissement et qui les ont aussi soutenus dans le cadre de la pandémie de COVID-19.
Pour réaliser cette recherche, nous nous orientons vers la résilience qui définira les résultats sous un angle positif (absence d’anxiété, dépistage négatif de la dépression) plutôt que négatif (dépistage positif de TSPT). En adoptant cette optique, nous espérons établir comment certains de ces atouts favorisent une évaluation positive du bien-être.
Que sait-on à l’heure actuelle sur la résilience chez les vétéranes et les vétérans?
Une analyse transversale des données de départ a déjà été menée auprès des mêmes vétéranes et vétérans qui figurent dans ma thèse. Les chercheurs de l’équipe avec laquelle je travaille ont trouvé les mêmes degrés de santé physique chez les vétérans et les non-vétérans. Ils ont toutefois constaté une santé mentale légèrement plus positive chez les vétérans. Ce constat m’a amené à me demander si les vétérans deviennent plus résilients en vieillissant et si la réponse pouvait éclairer les résultats positifs sur la santé.
Aux États-Unis, beaucoup plus d’études ont été réalisées sur la résilience de la population de vétérans. L’étude nationale américaine sur la santé et la résilience des vétérans a saisi certaines données sur la résilience pendant la pandémie de COVID-19. Nous n’avons toutefois trouvé aucune étude canadienne sur les vétérans plus âgés, la résilience ou la trajectoire de la résilience des années après la fin du service actif.
Pourquoi est-il important d’étudier la résilience?
La résilience est une question d’adaptabilité, c’est-à-dire de persévérance pendant des périodes exigeantes ou difficiles. L’étude de la résilience pendant la pandémie de COVID-19 pourrait nous aider à comprendre l’adaptation de divers groupes, y compris les vétéranes, les vétéranes et les civils, aux défis de la pandémie. Les résultats pourraient jeter la lumière sur certaines répercussions à plus long terme sur la santé mentale ou le bien-être global.
À quelle étape en es-tu dans tes recherches?
Je commence la rédaction de ma thèse. J’ai terminé l’analyse bibliographique systématique sur le bien-être et la santé psychologiques des vétéranes et vétérans du Canada. J’ai également procédé à une partie de l’analyse descriptive initiale de la cohorte globale de l’ÉLCV.
Les atouts pour la santé font partie des choses que j’espère vraiment comprendre grâce à mes recherches. J’aime l’idée d’examiner les choses selon une optique positive, et j’espère vraiment établir quels sont les indicateurs d’une évaluation positive du bien-être global positif par rapport à une évaluation négative du bien-être global positif. Mon projet vise à éclairer les programmes ou les politiques sur les résultats positifs plutôt que de tenter d’expliquer certains des résultats négatifs.
Pourquoi l’ÉLCV est-elle la plateforme idéale pour étudier la santé des vétéranes et des vétérans?
L’une des principales forces de la plateforme, c’est l’uniformité de la collecte de données auprès de la cohorte de vétéranes et vétérans de l’ÉLCV. Les participants ont été recrutés entre 2010 et 2015 et ont été suivis pendant et après la pandémie. Cette particularité contraste avec l’étude longitudinale américaine dont j’ai déjà parlé, où les personnes recrutées en 2011, disons, ont été suivies seulement jusqu’en 2018, puis une nouvelle cohorte a été formée entre 2019 et 2022.
Grâce à l’ÉLCV, nous disposons de données longitudinales sur un groupe de vétéranes et vétérans suivis sans interruption pour la collecte des données et sans l’arrivée d’une nouvelle cohorte. C’est un énorme avantage.
Tu as récemment reçu le prix du Docteur Mark Zamorski au Forum 2024 de l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. Comment ce prix t’aidera-t-il dans tes recherches?
En octobre, j’ai assisté au Forum de l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans à Winnipeg. J’y étais pour recevoir le prix du Docteur Mark Zamorski qui a dirigé la Section de la recherche et de l’analyse de la Direction de la santé mentale du Groupe des Services de santé des Forces canadiennes. Il était spécialisé en recherche sur l’épidémiologie des problèmes de santé mentale du personnel militaire et sur les services de la santé s’y rapportant. Ce prix de recherche est son héritage pour soutenir un projet d’études supérieures sur une approche épidémiologique de la santé mentale auprès des membres en service militaire actif ou des vétéranes et vétérans et de leur famille.
Ce prix me permet de me consacrer à ma thèse à temps plein; c’est un fardeau financier de moins. Il m’aide aussi à former des liens au sein du milieu de la recherche des Forces armées et des vétéranes et vétérans au Canada.
L’ÉLCV ne pourrait pas avoir lieu sans l’apport de ses participantes et participants. Quel message veux-tu leur transmettre à titre de stagiaire qui utilise la plateforme?
En prévision du jour du Souvenir, je tiens aussi à offrir mes profonds remerciements aux membres en service actif, à ceux qui ont pris leur retraite et aux vétéranes et vétérans du Canada.
L’ÉLCV est une étude tellement solide, et la possibilité d’effectuer ma thèse à l’aide de données provenant de l’une des plus grosses études au Canada est un si grand privilège. Le nombre de participants à cette étude depuis dix à 15 ans est incroyable. Leur contribution m’aide à éclairer les politiques et procure des occasions de formation essentielles pour des étudiantes et étudiants comme moi.