Les quartiers défavorisés et les symptômes dépressifs sont associés à un vieillissement prématuré

Monday, Juin 5, 2023

Se sentir déprimé et vivre dans un quartier urbain défavorisé pourraient accélérer votre vieillissement, selon une nouvelle étude menée par des scientifiques de l’Université McMaster.

Les résultats, publiés le 5 juin dans The Journals of Gerontology, Series A: Biological Sciences and Medical Sciences, ont montré que vivre dans des environnements urbains marqués par des inégalités matérielles et sociales et présenter des symptômes de dépression étaient indépendamment associés à un vieillissement biologique prématuré, même après avoir pris en compte la santé au niveau individuel et les facteurs de risque comportementaux, tels que les maladies chroniques et les comportements néfastes pour la santé.

Parminder Raina, professeur au Département des méthodes, des preuves et de l’impact de la recherche en santé à l’Université McMaster, a dirigé l’équipe de recherche, qui réunissait des scientifiques des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suisse.

« Notre étude a utilisé deux prédicteurs basés sur la méthylation de l’ADN, connus sous le nom d’horloges épigénétiques, pour examiner le vieillissement au niveau cellulaire et estimer la différence entre l’âge chronologique et l’âge biologique », a déclaré Divya Joshi, première autrice de l’étude et chercheuse associée au Département des méthodes, des preuves et de l’impact de la recherche en santé à l’Université McMaster.

« Nos résultats ont montré que la défavorisation du quartier et les symptômes dépressifs étaient positivement associés à l’accélération de l’âge épigénétique estimé à l’aide de l’horloge à ADNm GrimAge. Ils s’ajoutent au nombre croissant de données probantes selon lesquelles vivre dans des zones urbaines où les niveaux de défavorisation sont plus élevés et avoir des symptômes de dépression sont tous deux associés à un vieillissement biologique prématuré. »

Les symptômes dépressifs ont été mesurés à l’aide d’une échelle de dépression normalisée à dix éléments. Les scientifiques ont constaté une accélération du risque de décès d’un mois pour chaque augmentation d’un point sur le score des symptômes dépressifs. L’équipe de recherche a émis l’hypothèse que la détresse émotionnelle causée par la dépression peut entraîner une usure biologique accrue et une dérégulation des systèmes physiologiques, ce qui pourrait à son tour entraîner un vieillissement prématuré.

L’équipe a évalué la défavorisation matérielle et sociale du quartier à l’aide de deux indices élaborés par le Consortium canadien de recherche en santé environnementale en milieu urbain (CANUE) à partir du recensement de 2011.

La privation sociale se traduit par la présence de moins de ressources sociales dans la famille et la communauté, alors que la privation matérielle est un indicateur de l’incapacité des personnes à accéder aux biens et aux commodités de la vie moderne, comme un logement convenable, des aliments nutritifs, une voiture, Internet à haute vitesse ou un quartier avec des équipements de loisirs.

Les scientifiques ont constaté une augmentation du risque de décès de près d’un an pour les personnes exposées à un quartier où il y a une plus grande privation par rapport à un quartier où la privation est plus faible.

L’étude n’a cependant pas observé que le niveau de défavorisation du quartier amplifiait l’effet des symptômes dépressifs sur l’accélération épigénétique de l’âge.

« Nos résultats ont montré que l’effet de la défavorisation du quartier sur l’accélération épigénétique de l’âge était similaire, quels que soient les symptômes de la dépression, ce qui suggère que la dépression influence l’accélération épigénétique de l’âge par le biais de mécanismes sans rapport avec la défavorisation du quartier », a ajouté l’autrice.

L’étude a examiné les données épigénétiques de 1 445 personnes participant à l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV), une plateforme de recherche qui suit plus de 50 000 personnes âgées de 45 à 85 ans au moment de leur recrutement.

« Les études longitudinales, comme l’ÉLCV, sont importantes pour confirmer des associations comme celles trouvées dans cette étude », a déclaré le professeur Raina, auteur principal de l’étude et chercheur principal en chef de l’ÉLCV.

« En suivant le même groupe de participantes et participants pendant vingt ans, nous pourrons déterminer si les changements épigénétiques sont stables ou réversibles dans le temps. Nous aurons également un aperçu des mécanismes qui conduisent à un vieillissement épigénétique accéléré. »

L’ÉLCV est financée par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation canadienne pour l’innovation. Un soutien supplémentaire pour cette étude a été fourni par le programme Horizon 2020 de l’Union européenne.