Une personne âgée sur huit a souffert de dépression pour la première fois pendant la pandémie de COVID-19

Thursday, Novembre 24, 2022

Une nouvelle étude à grande échelle portant sur plus de 20 000 personnes âgées au Canada a révélé qu’environ une personne sur huit a fait une dépression pour la première fois pendant la pandémie.

Parmi les personnes qui avaient souffert de dépression dans le passé, les chiffres étaient encore pires. À l’automne 2020, près de la moitié (45 %) des membres de ce groupe ont déclaré être déprimés.

Publiée dans le International Journal of Environmental Research and Public Health, l’étude a analysé les réponses de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, qui a recueilli des données auprès de ses participants durant une période moyenne de sept ans.

« Le taux élevé de première apparition d’une dépression en 2020 met en évidence le lourd tribut à la santé mentale que la pandémie a causé à un groupe de personnes âgées auparavant en bonne santé mentale », affirme la première autrice, Andie MacNeil, récemment diplômée d’une maîtrise en travail social de la Faculté de travail social Factor-Inwentash (FIFSW) et de l’Institute for Life Course and Aging de l’Université de Toronto.

Bien que l’augmentation de la prévalence de la dépression chez les personnes âgées pendant la pandémie soit bien connue, le pourcentage de personnes qui en ont fait l’expérience pour la première fois ou le pourcentage de personnes ayant des antécédents de dépression qui ont connu une rechute avaient peu retenu l’attention des études précédentes.

« La pandémie a été dévastatrice en bouleversant tant d’aspects de la vie quotidienne. Elle a frappé particulièrement durement les personnes ayant des antécédents de dépression », déclare la co-autrice Sapriya Birk, chercheuse anciennement basée au Département de neurosciences de l’Université Carleton à Ottawa, maintenant étudiante en médecine à l’Université McMaster, à Hamilton, au Canada. « Les professionnels de la santé doivent être vigilants lors du dépistage de leurs patients qui ont des antécédents de problèmes de santé mentale. »

Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs associés à la dépression chez les personnes âgées pendant la pandémie, notamment un revenu et des économies insuffisants, la solitude, la douleur chronique, la difficulté à accéder aux soins de santé, des antécédents d’expériences négatives vécues durant l’enfance et des conflits familiaux.

Les personnes âgées qui estimaient que leur revenu était insuffisant pour satisfaire leurs besoins de base et celles qui avaient moins d’économies avant la pandémie étaient plus susceptibles de faire une dépression pendant la pandémie.

« Ces résultats mettent en évidence le fardeau disproportionné de la santé mentale auquel ont dû faire face les personnes de faible statut socio-économique pendant la pandémie. Bon nombre de ces facteurs de risque socioéconomiques peuvent avoir été exacerbés par la précarité économique liée à la pandémie, en particulier chez les personnes disposant de moins de ressources », explique la co-autrice Margaret de Groh, gestionnaire scientifique à l’Agence de la santé publique du Canada.

Les personnes éprouvant diverses dimensions de la solitude, telles que le sentiment d’exclusion, le sentiment d’isolement et le manque de compagnie avaient environ 4 à 5 fois plus de risques de dépression incidente et récurrente.

« Il n’est pas surprenant que le confinement ait été particulièrement difficile pour les personnes âgées qui étaient isolées et seules pendant la pandémie. Les liens sociaux et le soutien social sont essentiels au bien-être et à la santé mentale. Davantage de soutien et de services de proximité sont nécessaires pour les personnes isolées », déclare le co-auteur Ying Jiang, épidémiologiste principal à l’Agence de la santé publique du Canada.

À l’automne 2020, les personnes âgées les plus susceptibles d’être déprimées étaient les personnes atteintes de douleur chronique et celles qui avaient du mal à accéder à leurs soins, médicaments ou traitements habituels.

« Cette découverte souligne l’importance d’uniformiser la prestation de services pour que les services médicaux soient moins perturbés lors de futures pandémies », déclare le co-auteur et professeur Paul J. Villeneuve du Département de neurosciences de l’Université Carleton, au Canada.

Les personnes ayant des antécédents d’événements négatifs durant l’enfance étaient plus susceptibles d’être déprimées durant l’automne 2020. Les personnes âgées ayant connu des conflits familiaux pendant la pandémie faisaient face à un risque de dépression plus de trois fois plus élevé que leurs pairs qui n’en ont pas connu.

« Le conflit familial est un facteur de stress majeur qui peut avoir un impact sur la santé mentale, même en temps normal. La proximité associée au confinement et le stress de la pandémie ont engendré des tensions considérables pour de nombreuses familles. Les conflits qui en ont découlé étaient un risque majeur pour développer une dépression », explique l’autrice principale et la professeure Esme Fuller-Thomson de la FIFSW de l’Université de Toronto, aussi directrice de l’Institute for Life Course & Aging.

L’étude, publiée dans la revue International Journal of Environmental Research and Public Health, a analysé les données de 22 622 participants à l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV) recueillies lors de la vague de départ de l’étude (2011-2015) ainsi que lors du premier suivi (2015-2018) et pendant la pandémie (septembre-décembre 2020). L’impact de la pandémie sur la dépression chez les Canadiens âgés pourrait même être plus important que celui observé, car les populations vulnérables étaient sous-représentées dans l’ÉLCV.

« Nous espérons que nos résultats pourront aider les professionnels de la santé et du travail social à améliorer le dépistage ciblé et la sensibilisation afin d’identifier les personnes âgées les plus à risque de dépression et leur donner des services », conclut Andie MacNeil.

Contacts médias :

Andie MacNeil, M. Serv. soc.
andie.macneil@mail.utoronto.ca

Professor Esme Fuller-Thomson, Ph. D., M. Serv. soc.
esme.fuller.thomson@utoronto.ca
Téléphone : 416-209-3231

Cet article a d’abord été publié par EurekAlert!. Pour lire l’original (en anglais), cliquez ici.