Pleins feux sur les stagiaires : Questions-réponses avec Doaa Farid

Thursday, Juin 17, 2021

 

Peux-tu nous parler un peu de toi?
Je suis Doaa Farid, diététiste clinicienne autorisée et candidate au doctorat au Département de médecine familiale de l’Université McGill. J’ai fait deux diplômes de premier cycle en diététique et nutrition humaine à l’Université McGill et à l’Université de Montréal et une maîtrise en nutrition et métabolisme de l’Université de Boston. 

J’aime voyager et découvrir les cultures du monde. Je parle quatre langues et j’ai toujours été passionnée par la santé des minorités, leur accès aux soins de santé et les inégalités en matière de soins de santé auxquelles ils font face. Actuellement, ma thèse de doctorat utilise les données de l’ÉLCV pour explorer l’intersection entre la santé mentale et le statut d’immigrant.

Mes parents sont originaires d’Égypte et je suis fière d’être Montréalaise. Beaucoup de membres de ma famille sont cliniciens et chercheurs. Quand j’étais enfant, je rêvais de devenir calligraphe et artiste professionnelle. Dans mon temps libre, je peins sur de grandes toiles, je fais du vélo, je cuisine et je prends des photos professionnelles de différents paysages. En dehors du travail et des loisirs, je passe des moments heureux avec mon mari et mes trois enfants. 

Qu’est-ce qui t’a intéressée le plus dans l’ÉLCV?
Si je compare l’ensemble de données de l’ÉLCV à d’autres bases de données avec lesquelles j’ai déjà travaillé, comme la NHANES et l’ENSP, je dois dire que la base de données longitudinale de l’ÉLCV est simple et complète. C’est ce dont rêvent tous les épidémiologistes canadiens. Ce qui m’a le plus intéressé, c’est la multitude de questions sur les aspects sociaux et sur le bien-être des participants. Avec mes superviseurs, nous avons choisi l’ÉLCV comme base de données pour mon projet doctoral. 

Quel type de recherche fais-tu avec les données de l’ÉLCV? As-tu publié tes résultats de recherche? Si oui, qu’as-tu découvert?
Mes recherches portent sur la santé mentale, l’accès aux soins et l’immigration. Sous la direction de mes superviseurs, je suis heureuse d’avoir publié un article intitulé « Undiagnosed depression, persistent depressive symptoms and seeking mental health care: analysis of immigrant and non-immigrant participants of the Canadian Longitudinal Study of Aging » (Dépression non diagnostiquée, symptômes dépressifs persistants et recherche de soins de santé mentale : analyse des participants immigrants et non-immigrants de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement) dans la revue Epidemiology and Psychiatric Sciences. Je suis heureuse d’avoir reçu le prix du meilleur article de l’année 2020 du Réseau québécois sur le suicide, les troubles de l’humeur et les troubles connexes (RQSHA) pour cet article.

Parmi nos participants à l’ÉLCV (23 002), un cinquième avait immigré au Canada et la majorité (86 %) avait immigré il y a plus de 20 ans. Les femmes immigrantes étaient plus susceptibles de souffrir de dépression non diagnostiquée que les femmes non immigrantes, mais aucune différence n’a été observée chez les hommes. Le risque de dépression non diagnostiquée était plus élevé chez les immigrants arrivés au Canada à l’âge de 40 ans et plus et chez ceux qui résidaient au Canada depuis moins de 20 ans ou plus de 40 ans. Les symptômes dépressifs persistants à 18 mois et la recherche de soins de santé mentale pour ces symptômes ne différaient pas entre les immigrants et les non-immigrants. Nous avons constaté que seulement 17 % des immigrants et 15 % des non-immigrants présentant des symptômes dépressifs persistants avaient consulté un professionnel de la santé mentale au cours du mois précédent.

Sur la base de nos résultats, il est clair que les travaux de sensibilisation à la santé mentale et de dépistage des populations vulnérables doivent être poursuivis. C’est d’autant plus pertinent en ces temps de pandémie.

Quelle est la chose la plus intéressante ou la plus surprenante que tu as apprise en travaillant avec l’ÉLCV? 
Les possibilités sont infinies et l’utilisation de bases de données de cette envergure permet de répondre à des questions tout aussi vastes. C’est formidable d’avoir une cohorte canadienne aussi complète et réfléchie. C’était nécessaire. Merci à l’équipe de l’ÉLCV. 

Comment crois-tu que l’ÉLCV t’aidera à grandir en tant qu’étudiante ou en général? 
Grâce à l’expérience supplémentaire que j’ai acquise sur les outils d’analyse (SAS) et la méthodologie, je suis impatiente d’utiliser mon expertise dans mon milieu clinique et en tant que future professeure en devenir. J’ai hâte de créer la prochaine base de données canadienne avec une large représentation des populations de minorités visibles.  

Comment penses-tu que les résultats de l’ÉLCV te seront utiles, à l’avenir, ou utiles à d’autres?
Les données de l’ÉLCV nous aideront à évaluer la trajectoire de santé de la population canadienne et son degré de vieillissement. Ils permettront de répondre à des questions indispensables sur les inégalités et l’accès aux soins de santé, et plus important encore, la disponibilité de ces données se traduira par de meilleures politiques de santé qui amélioreront la santé des Canadiens. 

As-tu une idée du genre de travail que tu aimerais faire après tes études?
Mon objectif est de développer ma carrière et de redonner à la communauté en tant que clinicienne universitaire. Je suis à la recherche d’un poste dans le domaine clinique comme praticienne et également d’un poste en milieu universitaire pour mener des recherches et inspirer la prochaine génération de jeunes diplômés.

Au-delà de ton expérience professionnelle, qu’est-ce que l’ÉLCV t’a apporté?
L’être humain est complexe et je suis reconnaissante de disposer des outils et du soutien de l’ÉLCV pour démêler sa complexité. Travailler avec l’ÉLCV a stimulé ma passion pour le bien commun. Les efforts déployés par des centaines de personnes pour créer cet ensemble de données au cours des dernières décennies sont une leçon d’humilité. Leur contribution à la société génère des retombées dans la vie de millions de personnes. Travailler avec l’ÉLCV vous amène à réfléchir à des questions, des solutions et des stratégies à grande échelle. Utiliser des données à cette échelle m’a aidée à apprendre les bases de la gestion de bases de données et à améliorer mes compétences en matière d’interrogation de bases de données. En dehors de cela, je suis reconnaissante de pouvoir travailler en ligne pendant cette pandémie de COVID-19.