Le poids de la pandémie de COVID-19 : Les personnes âgées obèses ont-elles ressenti davantage de stress au cours de la première année de COVID-19?

Thursday, Février 9, 2023


Les adultes de plus de 50 ans vivant avec l’obésité étaient plus susceptibles de présenter des facteurs de stress au cours de la première année de la pandémie de COVID-19, et ce, même s’ils étaient moins susceptibles de percevoir les répercussions de la pandémie comme étant négatives, selon une étude dirigée par l’Université McMaster.

« La pandémie de COVID-19 a eu un impact indirect sur un large éventail de facteurs affectant la santé des Canadien·nes. Il est essentiel de comprendre ses impacts à plus long terme sur les personnes vivant avec une maladie chronique, comme l’obésité, et d’intervenir dès maintenant », a déclaré Laura Anderson, autrice principale de l’étude et professeure agrégée au Département des méthodes, des preuves et de l’impact de la recherche en santé.

La recherche a été publiée (en anglais) en ligne dans la revue International Journal of Obesity.

Il s’agit de l’une des premières études à utiliser une cohorte nationale basée sur la population pour explorer les facteurs potentiels pouvant avoir un impact sur le stress des personnes âgées durant la pandémie.

Le lien entre le stress et l’obésité est bien connu, mais peu de recherches ont été menées sur la façon dont ce lien a été affecté par la pandémie de COVID-19.

L’obésité, qui est couramment mesurée à l’aide de l’indice de masse corporelle, a été reconnue comme un facteur de risque de maladie grave et de décès par COVID-19 au cours de la première année de la pandémie. L’équipe de recherche a émis l’hypothèse que les facteurs de risque associés à l’obésité pourraient avoir contribué à l’augmentation du biais associé au poids et du stress chez les personnes vivant avec cette condition.

« Un lien potentiel entre l’obésité et ces facteurs de stress pourrait être associé aux biais et à la stigmatisation par rapport au poids. L’importance de l’obésité comme un facteur de risque de mortalité par COVID-19 occupait une grande partie de l’espace médiatique, ce qui peut avoir aggravé la stigmatisation associée au poids », ont écrit les scientifiques.

L’étude a examiné les données de près de 24 000 participant·es inscrit·es à l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV), qui étaient âgés de 50 à 96 ans au cours de la première année de la pandémie. Les participant·es ont répondu aux questionnaires de l’étude sur la COVID-19 de l’ÉLCV, qui a recueilli des données longitudinales d’avril à décembre 2020. L’équipe de recherche a également utilisé des données recueillies avant la pandémie pour déterminer si l’adversité durant l’enfance, comme la maltraitance et la négligence, était un facteur qui modifiait la relation entre l’obésité et le stress.

Les scientifiques ont constaté que les personnes obèses étaient plus susceptibles de présenter une augmentation des facteurs de stress globaux ainsi que des facteurs de stress liés à la santé, mais ne percevaient pas les répercussions de la pandémie comme étant négatives ou très négatives. L’équipe a également constaté que les femmes atteintes d’obésité de classe III, parfois appelée obésité morbide, étaient moins susceptibles de rapporter la présence de stress durant la pandémie que les hommes.

Également, les personnes ayant vécu des expériences défavorables durant l’enfance étaient beaucoup plus susceptibles de présenter des facteurs de stress et leur perception de la pandémie était plus négative. Cependant, aucune donnée n’a permis de confirmer que l’association entre l’obésité et le stress était influencée par l’adversité durant l’enfance.

« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre pourquoi les personnes obèses étaient plus susceptibles de signaler la présence de facteurs de stress sans percevoir les répercussions de la pandémie comme étant négatives », a ajouté la professeure Anderson.

« Il sera également important de déterminer la manière dont le stress ressenti durant la pandémie affecte les taux d’obésité, ainsi que d’identifier les mécanismes potentiels soutenant de cette association. »

L’équipe de recherche a conclu que des interventions ciblées, y compris du soutien en santé mentale et la prévention des biais associés au poids, peuvent aider à éliminer l’association cyclique entre le stress et l’obésité ainsi qu’à atténuer le fardeau de la maladie liée à cette condition. 

 

 









Crédit image : Obésité Canada