Une nouvelle étude suggère que les expériences négatives vécues durant l’enfance accélèrent les processus biologiques du vieillissement

Friday, Juillet 15, 2022

Par Eric W. Dolan

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Psychoneuroendocrinology, les personnes exposées à des expériences négatives durant leur enfance ont tendance à être biologiquement plus âgées que leurs homologues.

Les expériences négatives vécues durant l’enfance font référence à un ensemble d’événements potentiellement traumatisants qui se produisent avant l’âge adulte. Ces expériences comprennent diverses formes d’abus et de négligence, le fait d’être témoin de violence conjugale, le décès ou la maladie grave d’un parent, le divorce ou la séparation des parents et la maladie psychiatrique d’un membre de la famille. Le vieillissement biologique, quant à lui, fait référence à l’accumulation de dommages aux cellules, aux tissus et aux organes ainsi qu’à la perte de fonction de ceux-ci.

Des recherches antérieures ont montré que les personnes exposées à des expériences négatives durant l’enfance sont plus susceptibles de développer des maladies chroniques et ont une espérance de vie plus courte. Les auteurs de cette nouvelle étude souhaitaient savoir si un vieillissement biologique accéléré pouvait aider à expliquer la relation entre les expériences négatives vécues durant l’enfance et les problèmes de santé plus tard dans la vie.

« Ce travail faisait partie d’un effort d’équipe dirigé par la Dre Dawn Bowdish de l’Université McMaster pour mieux comprendre les facteurs qui influencent les trajectoires de santé des individus tout au long de la vie », a déclaré l’auteur-ressource Chris Verschoor, scientifique au Health Sciences North Research Institute et professeur adjoint à l’Université McMaster et à l’École de médecine du Nord de l’Ontario.

« Je m’intéresse aux déterminants de la santé et de l’immunité des aînés, en particulier à leur intersection avec la biologie d’une personne. Cette étude a fourni une occasion unique de quantifier l’impact de différentes formes d’adversité au début de la vie sur “l’âge biologique” d’une personne 30 à 60 ans plus tard. »

Les chercheurs ont analysé les données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement, une étude à long terme sur le développement et le vieillissement des adultes, qui comprend 50 000 Canadiens âgés de 45 à 85 ans au moment de leur recrutement.

L’étude a porté sur 23 354 participants qui avaient fait un entretien de 90 minutes et pris part à des évaluations physiques et cliniques. Les chercheurs ont examiné un certain nombre de biomarqueurs liés au processus de vieillissement biologique, notamment l’albumine, la créatinine, l’hémoglobine glyquée (HbA1C), la protéine C-réactive, le pourcentage de lymphocytes, le volume cellulaire moyen, la variation de la grosseur des globules rouges et le nombre de globules blancs.

L’âge moyen des participants était de 59 ans et la plupart (63 %) ont déclaré avoir vécu au moins une expérience négative durant leur enfance. Les participants qui ont signalé avoir vécu des expériences négatives durant leur enfance avaient tendance à être biologiquement plus âgés que ceux qui n’en ont pas signalé. De plus, les chercheurs ont constaté que le lien entre les expériences négatives vécues durant l’enfance et l’âge biologique était plus fort pour les formes d’adversité plus graves, telles que les abus physiques et sexuels.

Les résultats suggèrent « que les dommages au début de la vie peuvent prendre plusieurs formes et peuvent avoir des conséquences sur la santé de nombreuses années plus tard », a ajouté le professeur Verschoor à PsyPost. « Ce que notre étude montre, c’est que ces conséquences se manifestent par des perturbations de plusieurs systèmes biologiques, qui peuvent être mesurées à partir de biomarqueurs dans le sang. »

Mais les chercheurs ont noté que presque toutes les valeurs des effets observés étaient relativement petites. Les expériences négatives vécues durant l’enfance étaient également associées à la scolarité et au statut tabagique, qui à leur tour étaient liés à l’âge biologique. Les auteurs de l’étude en concluent que de futures recherches utilisant des données longitudinales pourraient aider à approfondir notre compréhension des facteurs liant les expériences négatives durant l’enfance à l’âge biologique.

« Ce que notre étude ne montre pas, c’est si les changements biologiques que nous avons détectés ont été causés par les événements précoces de la vie eux-mêmes, ou par d’autres événements ou comportements à risque qui se sont produits plus tard dans la vie en conséquence », a expliqué Verschoor.

« Comme nous l’avons mentionné, il s’agissait d’un travail d’équipe et cela n’aurait pas pu avoir lieu sans les participants à l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement et l’implication d’excellents collaborateurs », a-t-il ajouté. « En particulier, la Dre Oxana Mian, la boursière postdoctorale qui a effectué une grande partie du travail, le Dr Dan Belsky de l’Université Columbia et la Dre Andrea Gonzalez de l’Université McMaster. »

L’étude, intitulée « Associations between exposure to adverse childhood experiences and biological aging: Evidence from the Canadian Longitudinal Study on Aging », a été rédigée par Oxana Mian, Daniel W. Belsky, Alan A. Cohen, Laura N. Anderson, Andrea Gonzalez, Jinhui Ma, Deborah M. Slobod, Dawn ME Bowdishg et Chris P. Verschoor. 

Cet article a d’abord été publié en anglais dans le PsyPost. Pour lire l’article original, cliquez ici.