Chaque année, au Canada, une personne âgée de 65 ans et plus sur dix est victime d’une forme de maltraitance envers les aîné·es

Monday, Decembre 5, 2022

Chaque année, des centaines de milliers de personnes âgées de tous horizons sont victimes de maltraitance. Une étude récente utilisant les données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV) a révélé que, chaque année, au Canada, une personne âgée de 65 ans et plus sur dix subit une forme ou une autre de maltraitance envers les aîné·es.

La recherche, publiée en ligne dans la revue Nature Aging, a été dirigée par David Burnes, professeur agrégé à la Faculté de travail social Factor-Inwentash de l’Université de Toronto.

L’objectif de l’étude était d’examiner la prévalence de la maltraitance envers les aîné·es ainsi que d’identifier les facteurs de risque et de protection.

En utilisant les données de près de 23 500 participant·es à l’ÉLCV recueillies sur une période de trois ans, le professeur Burnes et ses collègues ont révélé que : 

  • La prévalence estimée de la maltraitance envers les aîné·es au Canada est plus importante, passant de 4 à 8 % (selon des études antérieures) à 10 %;
  • La vulnérabilité physique, cognitive ou émotionnelle augmente le risque de maltraitance envers les aîné·es, tout comme le fait d’avoir subi de la maltraitance durant l’enfance, de vivre avec d’autres personnes, de s’identifier comme une personne noire et de signaler des difficultés financières;
  • Le soutien social était un facteur de protection contre la maltraitance envers les aîné·es, c’est-à-dire que les personnes âgées bénéficiant d’un meilleur soutien social global étaient moins susceptibles d’être victimes de maltraitance;
  • Les participant·es interrogé·es par téléphone ont signalé des taux de maltraitance nettement inférieurs aux personnes interrogées en personne, ce qui ajoute à la préoccupation selon laquelle la maltraitance envers les aîné·es est généralement sous-déclarée.

« Il est possible que nos résultats sous-estiment la véritable prévalence dans la population, car les personnes âgées ont tendance à sous-déclarer les problèmes personnels tels que la violence familiale », a déclaré le professeur Burnes.

L’une des principales conclusions de cette étude indique que les personnes âgées qui avaient subi davantage de maltraitance durant l’enfance étaient plus susceptibles d’être victimes de maltraitance envers les aîné·es.

« Cette découverte suggère le besoin d’examiner et de théoriser la violence interpersonnelle ou familiale comme un problème de parcours de vie plutôt que de la traiter séparément pour chaque étape de la vie, soit la maltraitance pendant l’enfance, la violence conjugale/familiale et la maltraitance envers les aîné·es », a-t-il ajouté.

Grâce au vaste ensemble de données représentatif de l’ÉLCV, les auteurs ont pu mesurer la maltraitance envers les aîné·es au Canada et surmonter les limites des études antérieures, telles que les échantillons de petite taille, les conceptions transversales et les échantillons de convenance.

« Nous avons maintenant accumulé suffisamment de données cohérentes et solides sur le terrain pour affirmer que la maltraitance envers les aîné·es est un problème très répandu au Canada qui nécessite une attention accrue de façon urgente », a conclu le professeur Burnes.

Pour en savoir plus : Silent suffering: the plague of elder abuse (en anglais) dans Nature Aging.