La dépression pandémique persiste, en particulier chez les adultes vivant seuls

Thursday, Novembre 25, 2021

Selon une nouvelle étude de l’Université McMaster, la pandémie de COVID-19 a entraîné des répercussions significatives sur la santé mentale des personnes âgées vivant dans la communauté, et les personnes qui se sentaient seules s’en sont le moins bien tirées

À l’aide des données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ÉLCV), une équipe nationale de chercheurs a découvert que 43 % des adultes âgés de 50 ans et plus présentaient des niveaux modérés ou sévères de symptômes dépressifs au début de la pandémie de COVID-19, et que ces derniers augmentaient au fil du temps. 

La solitude était le principal facteur prédictif de l’aggravation des symptômes dépressifs, mais d’autres facteurs de stress liés à la pandémie, tels que les conflits familiaux, augmentaient également les risques.

L’étude a été publiée dans la revue Nature Aging le 25 novembre.

Parminder Raina, professeur au Département des méthodes, des données et de l’impact de la recherche en santé et directeur scientifique de l’Institut McMaster de recherche sur le vieillissement, a dirigé l’équipe de recherche qui comprenait les chercheuses principales de l’ÉLCV, Christina Wolfson de l’Université McGill et Susan Kirkland de l’Université Dalhousie, la co-chercheuse principale Lauren Griffith de l’Université McMaster, en plus d’une équipe nationale de chercheurs.

« La pandémie de COVID-19 a eu un impact disproportionné sur les aînés, comprenant des groupes de personnes déjà marginalisées et pour qui les répercussions ont été bien plus importantes », a déclaré le professeur Raina, chercheur principal en chef de l’ÉLCV. « Les personnes qui étaient socialement isolées, en moins bonne santé et de statut socioéconomique précaire étaient plus susceptibles d’aggraver leurs symptômes de dépression par rapport à leur état avant la pandémie qui, lui, était documenté dans le cadre de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement depuis 2011. »

Les chercheurs ont utilisé les données d’enquêtes téléphoniques et Web pour examiner l’impact des facteurs liés à la santé et les déterminants sociaux, comme le revenu et la participation sociale, sur la prévalence des symptômes dépressifs pendant le confinement initial à partir de mars 2020 et après le déconfinement à la suite de la première vague de COVID-19 au Canada. 

Leurs responsabilités en matière de soins, la séparation des membres de la famille, les conflits familiaux et la solitude étaient associés à une plus grande probabilité de niveaux modérés ou élevés de symptômes dépressifs qui s’aggravaient dans le temps. 

Le risque de symptômes dépressifs pendant la pandémie était également plus élevé chez les femmes que chez les hommes, et un plus grand nombre de femmes ont signalé avoir été séparées de leur famille, avoir expérimenté une augmentation du temps de prestation de soins ainsi qu’avoir rencontré des obstacles à la prestation de ces soins.

Dans l’ensemble, les personnes âgées étaient deux fois plus susceptibles de présenter des symptômes dépressifs pendant la pandémie par rapport à la période pré-pandémique. Toutefois, les répercussions les plus importantes ont été observées chez les aînés à faible revenu et en moins bonne santé, soit en raison de problèmes de santé préexistants ou de problèmes de santé signalés pendant la pandémie.

« Ces résultats suggèrent que les conséquences de la pandémie sur la santé mentale persistent et peuvent s’aggraver avec le temps, ce qui met en lumière le besoin d’interventions sur mesure pour lutter contre les stresseurs associés à la pandémie et atténuer leur impact sur la santé mentale des personnes âgées », a ajouté le professeur Raina.

Il s’agit de la première publication de résultats des études sur la COVID-19 réalisées par l’ÉLCV, une plateforme nationale de recherche sur le vieillissement impliquant plus de 50 000 adultes d’âge moyen et plus âgés vivant dans la communauté lors de leur recrutement. Le financement de la plateforme a été octroyé par le gouvernement du Canada, par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation canadienne pour l’innovation

Des fonds additionnels pour l’étude par questionnaire de l’ÉLCV sur la COVID-19 ont été injectés par l’Institut de recherche Juravinskil’Université McMasterl’Institut McMaster de recherche sur le vieillissement, la Nova Scotia COVID-19 Health Research Coalition et l’Agence de la santé publique du Canada.